La petite construction du Val Lavizzara se trouvait sur un terrain pentu, en bordure du village de Prato.
La petite construction du Val Lavizzara se trouvait sur un terrain pentu, en bordure du village de Prato. Elle était à l’abandon dans les années 1900; ses poutres étaient vermoulues, le toit fuyait et elle n’avait plus de porte. Elle échappa à la ruine qui la menaçait grâce à son transfert au Musée en plein air Ballenberg, où elle fut remise en service en octobre 2011.
Dans l’ancienne commune de Prato-Sornico, on trouvait quatre de ces «grà», le nom donné aux séchoirs en dialecte. Dans l’importante commune actuelle de Lavizzara, on en compte encore 32. Les «grà» qui n’étaient plus utilisés comme séchoirs servaient de réduits, de chèvreries ou de granges. Dans tout le Vallemaggia, une seule de ces constructions est encore en service, principalement comme attraction touristique populaire.
Comme dans de nombreuses vallées du Tessin ou du sud des Grisons, par exemple dans le val Bregaglia, à Prato, les châtaignes étaient la principale nourriture durant les longs mois d’hiver. Si elles se conservaient, c’était grâce à ces simples édifices construits de pierres sans mortier (mur de pierres sèches). Le matériel utilisé pour la construction résistait au feu qu’on allumait à même le sol. On étalait les châtaignes sur une grille placée au-dessus du feu. En s’élevant, la fumée et la chaleur séchaient les fruits, un processus qui durait deux à trois semaines.
On recourait donc à la même méthode pour les châtaignes que pour les morceaux de viande et les saucisses. Après la récolte en octobre, nombreux étaient les villages du sud des Alpes qui se nimbaient de nuages de fumée au parfum singulier.
Au cours des derniers siècles, la pomme de terre sauva les populations de nombreuses régions européennes de la famine. Au sud, la châtaigne faisait partie des aliments les plus importants, au même titre que le pain et la polenta. Il arrivait parfois que l’on mélangeât les différents ingrédients: on associait la farine de châtaigne à la farine de seigle pour faire le pain ou bien on enrichissait les potées de châtaignes. Les châtaigniers étant des arbres prolifères, les récoltes sont abondantes – des tonnes de fruits – dans les châtaigneraies. Leurs fruits peuvent se conserver pendant des mois, ils sont nourrissants et sains, riches en glucides, mais contiennent aussi des lipides et des protéines.