891 – Forge de Bodio TI, XIXe siècle

Petit, mais important

Le tunnel du Gothard (1872-1882) et ses lignes d’accès exigeaient d’énormes quantités de matériaux de construction: voies ferrées, ponts, murs de soutènement, gares – le granit convenait parfaitement. C’est probablement à cette époque que fut ouverte la carrière de Bodio.

Cette modeste forge entretenait les outils de la carrière: c’est ici qu’on martelait, aiguisait, réparait, chauffait à blanc les pointerolles, qu’on les appointait avec le marteau de forge et qu’on en plongeait les pointes dans le bassin de pierre rempli d’huile, pour les durcir. Transportables, le foyer et le soufflet pouvaient être utilisés directement sur le chantier.

Cent ans plus tard, alors que les chemins de fer avaient pour ainsi dire parrainé cette forge, ils entraînèrent sa perte: lorsque fut construit le nouveau tunnel de base du Gothard, l’édifice devint un obstacle et dut disparaître. En 2001, il fut transporté au Ballenberg.  

Un granit recherché

Des rues, des écoles, des places, des murs, des escaliers – au XIXe siècle, l’urbanisation croissante suscita un besoin accru en matériaux de construction. L’éclectisme (ou «Heimatstil»), style architectural présent à cette époque, privilégia les matériaux locaux. Du fait de sa solidité, le granit du Tessin était recherché, c’est ainsi que s’ouvrirent des douzaines de carrières, surtout dans la basse Léventine et la Riviera voisine. Son exportation, en Suisse alémanique notamment, prospéra et atteignit son apogée vers 1900, surtout grâce aux prix modérés du transport par rail. L’industrie tessinoise du granit comptait à l’époque quelque 3000 ouvriers.